La forge neuve

FER - FONTE - ACIER

...VICTIME DE LA REVOLUTION... INDUSTRIELLE

Une révolution anglaise :

L'Angleterre confrontée à un manque de bois et à une insuffisance* des rivières, importe du fer de Suède et de Russie, et est conduite dès le 18ème siècle à expérimenter des fourneaux au charbon de terre (HOUILLE) calciné en COKE*(Darby dès 1713) : "Le charbon de terre donne une chaleur plus vive & plus durable ; mais il donne de mauvaises exhalaisons, même quoiqu'on l'ait calciné." Barner, Stahl. (Encyclo de Villiers*). Après les pompes à feu, la force motrice des moulins à eau est remplacée par les premières MACHINES A VAPEUR*, en sidérurgie, le FOUR A "PUDDLER"*, remplace l'affinage wallon au charbon de bois.

Ce four à réverbère chauffé à la houille mis au point par H. Cort est plus efficace, l'affinage se terminant par la formation du fer, profilé au LAMINOIR cingleur puissant et rapide (forge à l'anglaise).
La"
révolution industrielle"* lancée par les filatures de coton avec les machines à vapeur, eut pour composante essentielle l'évolution de la sidérurgie.

Au 19ème siècle l'Angleterre devient le plus grand producteur de fer : il y avait 77 fourneaux anglais ou gallois en 1788 dont 24 au bois; 8 ans après, 2 seulement sont encore au bois et les 102 fourneaux au coke sont beaucoup plus productifs (3 à 10 fois un fourneau au bois).

L'Empire de Napoléon vaincu, l'Angleterre domine le monde par son avancée économique : la France est une fois de plus ruinée avec une indemnité de 700 millions de francs à verser aux Anglais et alliés qui avaient accueilli les émigrés.

Les méthodes anglaises, plus performantes, favorisent* les régions de charbon à coke. Avec la machine à vapeur les forges peuvent s'éloigner des forêts et ne sont plus, au gré de la pluie et du beau temps, consignées au lit des cours d'eau fantasques et primesautiers.

Une tentative française :

En France beaucoup d'industriels restent fidèles aux moulins et l'artisanat résiste; pourtant Achille Jouffroy d'Abbans, originaire de Franche Comté, "Ultra" manifeste, fils de l'inventeur du premier bateau à vapeur, imagine en 1827 une forge à l'anglaise à la Jahotière (Abbaretz), terre riche en minerai dont on espère aussi la houille. Achille trouve là une belle chance pour relancer le prestige industriel de la France : "En 1825, on comptait dans la France entière quatre hauts-fourneaux marchant au coke [le Creusot, Vienne?] et 374 marchant au charbon de bois"*; Jouffroy d'Abbans est assisté du maître mineur anglais Horsley, du fondeur Walford, et conforté dans son idée par l'Abbé Dom Antoine de l'abbaye Melleray*.

Nourri d'expériences anglaises, Dom Antoine réanima Melleray en 1817 : jugeant obsolète le fourneau du Pas Chevreuil, il en assécha l'étang pour des cultures d'avant-garde par des méthodes et des machines anglaises, c'était la "révolution agricole" de Dom Antoine. D'autre part en 1826 il est favorable à l'installation près de chez lui de la magnifique forge à l'anglaise du Comte Jouffroy d'Abbans, qui aurait pu "faire diminuer dans toute la France le fer qui est beaucoup trop cher"*, mais ne se risque pas trop à investir dans cette ruche industrielle de la Jahotière trop utopique à ses yeux : "J'ai réellement peur que le comte ne se ruine aussi, tout en ouvrant une carrière immense à ceux qui s'enrichiront après lui et en quelque sorte à ses dépens"... une autre lettre au Préfet : "Le pauvre comte de Jouffroy, qui s'est mis dans les mains de quelques flibustiers, sera probablement obligé de s'arrêter tout court". Dans notre région les mines de houille de Nort sur Erdre ou Montrelais, très anciennement exploitées pour le chauffage à Nantes, ne s'avèrent pas inépuisables, peu propices à fournir un bon coke et encore trop éloignées du fer, sans voies navigables les charrois sont coûteux. La rentabilité de la Jahotière étant insuffisante, le haut-fourneau au coke ne sera jamais assorti des 3 autres fourneaux imaginés, une société anglaise qui exploite les mines de Nort sur Erdre rachète le fourneau et l'exploite jusqu'en 1850.

On remarque encore le haut-fourneau, la cheminée pour la chaudière de machine à vapeur, et les recherches architecturales néoclassiques des ateliers de serrurerie, charronage, machines agricoles, taillanderie, maréchalerie, menuiserie, charpente.. Ce palais d'industrie aux baies géminées d'inspiration "palladienne", retour d'Italie passant par l'Angleterre, ce rêve du 19ème siècle rejoint les rêves socialistes des Fourier, Saint Simon, Blanc : "c'est un sujet d'admiration que ces terres parfaitement cultivées, ces prairies, ces plantations, ces canaux, ces ateliers animées, ces vastes et élégantes fabriques, et toute cette population active, allègre, bien portante..."* La halle de coulée, le bâtiment des chaudières et machine à vapeur pour l' air soufflé et les laminoirs ont maintenant disparus, les maisons d'ouvriers s'écroulent, mais il reste les maisons de maîtres et les grandes halles manufacturières.


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© Georges Vanderquand
(2000)