La forge neuve

FER - FONTE - ACIER

UNE FORGE DE LA REPUBLIQUE...

Le jour de gloire :

Lors de la Révolution Française la Forge Neuve devient "bien national de la République" et est liée à la fonderie nationale d'Indret* dès Février 1793, mais après l'épouse, le mari du couple directeur, Kolhaubt, meurt en mars, la continuité du fonctionnement est assurée coûte que coûte, pour l'armement de "la Patrie en danger", Perrine Lainé en assure un temps le fonctionnement, nous avons vu le rôle des maîtresses de forge jusqu'à la Révolution ; en Févier 1792, Delamotte le régisseur d'Indret publie un mémoire sur la forge de Moisdon : "pour rendre la fonte de cette forge plus propre à l'alliage des canons avec les autres matières premières...il faut que la mine soit tirée plus à gris..." (J. Meyer). Delamotte sera remplacé par François Demangeat.

Malgré tout, à la mi-septembre 1793 deux "barques"quittent Indret chargées de 65 très gros canons de 18 et 36 (total d'environ 150 tonnes), elles se joignent au convoi de douze navires formé à l'embouchure de la Loire à destination de Brest. Craignant les attaques de la marine anglaise, l'escorteur "Hermione" leur fait prendre une route côtière directe : le soir même du départ, par beau temps, l'escorteur s'échoue à marée descendante sur le plateau du Four devant le Croisic : l"Hermione est perdue, l'équipage évacué... construite à Rochefort, cette frégate avait expédiée en 1780 La Fayette et ses soldats pour soutenir les insurgents américains.

A cette époque, d'après une étude des forges régionales par Huet*: "La Forge Neuve et de Gravotel, dans la commune de Moisdon, est un domaine national. Dans l'impossibilité d'approvisionner la fonderie d'Indret en fontes anglaises et en fontes du Périgord, l'état y annexa cette usine, en obligeant l'entrepreneur de lui fournir 1.000.000 liv. de poids de marc [(489 t)] en fonte grise, par an. [...] Cette forge emploie six qualités de minerai qu'elle tire de la commune de Meillerai, [(et Abbaretz)] et qu'on combine dans des proportions différentes suivant la nature des produits à obtenir;...La forge peut employer 33250 quintaux métriques [(3325 t)] de ces différents minerais pour fournir annuellement 5 mille quintaux de fonte, 1.000.000 poids marc, soit livres métriques 489.506 [(489 t)], à la marine, et 3 mille quintaux de fer [(294 t)] au commerce [(soit environ 930 t de fonte/an au total pour 3325 t de minerai)]. [...] Les six minerais qu'emploient les forges Neuve et de la Provotière se mêlent par partie égales. On les lave avant de les porter aux fourneaux".

Régies activement par le révolutionnaire François Demangeat, les deux forges, Indret le 22 Octobre 1793 et Moisdon le 20 Avril 1794, arment la République : "je m'oblige à fournir à la République par mois 80 bouches à feu..."*! : fer et fonte de canons, boulets, grilles à rougir les boulets, roulettes et essieux de canons, ferrures pour la Marine, l'Armée ou autres, fonte de lest... La houille vient de Montrelais en amont sur la Loire, mais Demangeat ne peut exploiter les mines de Languin plus proches à Nort sur Erdre, mines qu'il rachetera en 1808. Un complément de houille et d'excellente fonte à canons arrive du Berry ou du Nivernais par la Loire (les sapines de Carrier)*.

La chouannerie :

Le régisseur Demangeat est secondé à Indret au début par Ramus, renvoyé pour insubordination, et l'homme de l'art à Moisdon est le régisseur de Martigné, Augustin Rocher, lequel est assassiné le 3 Août 1794 dans la Forêt Pavée*. Depuis le 10 Juillet 1794 la garnison républicaine de Châteaubriant est réduite à 150 hommes et ne peut guère surveiller les campagnes tenues par les rebelles*, 200 soldats sont à Moisdon pour garantir le fonctionnement des forges, la chapelle Saint Eloy sert au campement.

Heureux dénouements :

Les troubles révolutionnaires, dans leurs excès, ont parfois des dénouements heureux, ainsi pour contrer la chouannerie qui entrave le fonctionnement des forges, l'adjudant-major de la garnison de Châteaubriant rencontre la petite fille d'un maître fondeur* des fourneaux de Moisdon, nous avons déjà relaté le mariage de Brutus Hugo* ("ce héros au sourire si doux" ?) et de Sophie Trébuchet, fille du marin capitaine Jean-François, desquels naîtra le fameux Victor Hugo.

Certains républicains ou royalistes trouveront ensuite des terrains d'entente : La République ayant fondu les cloches pour en faire des canons, les notables de Moisdon entendront le même son de cloche en fondant Joséphine-Perrine, cloche de 840 kg, baptisée en 1827 par Joseph Leussier et Perrine Lainé laquelle avait vaillament dirigé la Forge Neuve avec Rocher durant la Révolution tandis que le frère de Joseph Leussier était guillotiné à Nantes suite aux émeutes de Moisdon en Mars 1793. Autres souscripteurs à la naissance de la cloche, Sophie Demangeat et son époux Xavier Maire directeur de la Forge Neuve, successeur de son oncle François Demangeat. Joseph Leussier, maire de Moisdon, sera remplacé en 1830 par Xavier Maire*.


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© Georges Vanderquand
(2000)